- jonglerie
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• 1596 « tour d'adresse »; 1581 « mensonge »; juglerie « métier de jongleur » déb. XIIe; de jongler, avec infl. de l'a. fr. janglerie → jongler1 ♦ Rare Art du jongleur. La jonglerie exige une grande adresse.2 ♦ Cour. (souvent péj.) Exercice de virtuosité pure. « je préfère sa simplicité sans ornement à ces jongleries » (Maurois).Synonymes :- grimaces- momeries- simagrées- singeriejonglerien. f.d1./d Art du jongleur.d2./d Fig., péjor. Manoeuvre destinée à duper. Je ne suis pas dupe de ses jongleries.|| (Sans idée péjor.) Manifestation de virtuosité. Les jongleries verbales d'un poète.⇒JONGLERIE, subst. fém.A. — 1. Art, technique du jongleur. Je faisais le pitre, des tours de passe-passe et de jonglerie avec mon épine d'Ispahan et des ustensiles de cuisine, des exercices d'acrobatie, le tour des reins ou le grand écart (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 179) :• 1. Celui-ci jonglait avec des bougies allumées, qu'il éteignit successivement quand elles passèrent devant ses lèvres, et qu'il ralluma l'une à l'autre sans interrompre un seul instant sa prestigieuse jonglerie.VERNE, Tour monde, 1873, p. 133.2. Corporation de jongleurs. Et voyez! voyez, du quartier même qui est notre citadelle, qui compte dans Paris le plus grand nombre d'administrateurs et de milliardaires, surgir et s'ébrouer, à notre barbe, ces revenants de la batellerie, de la jonglerie, de la grivèlerie (GIRAUDOUX, Folle, 1944, I, p. 44).3. Au fig. Art de feindre, de se jouer de la bonne foi d'autrui. La prétendue tolérance de la censure n'est qu'un piège et une jonglerie (CHATEAUBR., Lib. presse, Marche et effets Censure, 1827, pp. 263-264) :• 2. J'ai le malheur, car c'en est un peut-être, de n'être jamais dupe de ces jongleries sentimentales, de ces émotions à froid, de ces douleurs solennelles qu'étalent nos comédiens, et sur-tout nos comédiennes de société.JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p. 320.B. — Région. (Canada), fam. Fait de passer son temps à penser, à réfléchir (cf. jongler B). Jongler! T'es-tu pas capable de faire autre chose? T'as passé quasiment toute ta vie à jongler. Et au bout de toutes tes jongleries, t'as jamais été plus avancé. De jongler, c'est ça, penses-tu qui aide le pauvre monde! (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 109).Prononc. et Orth. : [
]. Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. 1119 juglerie « métier, art du jongleur » (PHILIPPE DE THAON, Comput, 98 ds T.-L.); 2. a) 1581 « mensonge » (FAUCHET, Recueil sur l'origine de la poésie françoise, ryme et romans, p. 76); b) 1784 « toute fausse apparence ayant pour but de tromper, d'en imposer » (BEAUMARCHAIS, Lettre du 31 août ds Œuvres complètes, éd. Pierre-Augustin, p. 38); 3. 1596 « tour de passe-passe » (HULSIUS). Dér. de jongler; suff. -erie. Fréq. abs. littér. : 64.
jonglerie [ʒɔ̃gləʀi] n. f.ÉTYM. 1581, « mensonge »; juglerie, 1119; de jongler, avec infl. de l'anc. franç. janglerie, de jangler « bavarder ». → Jongler.❖1 Dans la jonglerie, qui est aussi une spécialité acrobatique, où l'œil, le cerveau et le corps entier se partagent les responsabilités du travail, rastelli avait (…) dépassé tous ses devanciers par la difficulté matérielle, l'ingéniosité, la complexité du numéro (…)G. Fréjaville, in Encycl. (de Monzie), XVI, 44-9.1.1 Celui-ci jonglait avec des bougies allumées, qu'il éteignit successivement quand elles passèrent devant ses lèvres, et qu'il ralluma l'une à l'autre sans interrompre un seul instant sa prestigieuse jonglerie.J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 200.2 (Déb. XVe). Cour., par métaphore (souvent péj.). Exercice de virtuosité. || D'éblouissantes jongleries poétiques.2 (…) il (E. Poe) n'était pas loin de les considérer (ses contes étranges), comme de faciles jongleries, comparativement aux ouvrages de pure imagination.Baudelaire, Edgar Poe, sa vie et ses œuvres, II.3 Vos romans sont poétiques et, quant à votre forme, je préfère sa simplicité sans ornement à ces jongleries où chaque mot semble briller d'un éclat isolé.A. Maurois, les Roses de septembre, I, I.3 (1784). Manœuvre tendant à duper. || Jongleries de charlatan (⇒ Charlatanisme, hypocrisie).4 — J'ai une religion, ma religion, et même j'en ai plus qu'eux tous, avec leurs momeries et leurs jongleries !Flaubert, Mme Bovary, II, I.
Encyclopédie Universelle. 2012.